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Témoignage d'une bénévole au sein de l’association Le Gai-Rire :

 L1020746‘‘ Première rencontre avec les clowns à l’hôpital ou... comment suivre trois cœurs d'or qui vont redonner le sourire à des enfants hospitalisés. Aujourd'hui, mercredi 6 avril 2016, je reprends la plume non pas pour dessiner, mais pour témoigner. Manifester d'une surprenante aventure qui m'est arrivée. 

 Bénévole pour l'association Le Gai Rire et étant en vacances, je suis partante à l'idée de prendre quelques photos des interventions des clowns en service de chirurgie infantile afin d'illustrer le site de l'association. Me voilà donc arrivée à l’hôpital Nord de Marseille munie de l'objet qui servirait à saisir des instants volés, intimes, inconcevables, douloureux parfois, en réelle transformation émotionnelle passant par les chants, la joie, le rire, le bruit et la ronde des mouvements face au silence et à l’immobilité contrainte de certains petits bouts.

Ceux qui me connaissent profondément m'imagineront aisément dans cette situation nouvelle, à la fois gênée et, convaincue que je devais user de ma force d’auto-persuasion pour appliquer le détachement certain du photographe. Je n'étais pas au bout de Ma surprise...

 Pour commencer, j'ai été étonnée d'observer la réaction conciliante des parents à la demande de signature de droit à l'image lors de l'annonce de la visite des clowns dans la chambre de leur progéniture.

Ensuite, j'ai pu vite réaliser le parfait échange, la communication claire, bienveillante et attentive entre les clowns et le personnel  hospitalier. Puis, bien cachée derrière mon objectif j'ai soudain aperçu des anges, ces enfants... les enfants hospitalisés.


Et à cet instant précis je défie quiconque de rester photographe. Je suis devenue tour à tour, maman, tata, grand-mère, infirmière... tout bascule. La caméra capture les clowns mais le regard n'a d'yeux que pour ces ébauches de sourires, ces coins de lèvres tressaillants, qui subitement se révèlent être des sourires pour ne laisser place qu'à des éclats de rire. Au bord des larmes là où la maman que vous êtes conscientise et littéralement tordue de rire derrière mon appareil, virevoltant avec les clowns de chambre en chambre et le long de ces couloirs qui comme par magie deviennent l'endroit où vous pourriez tout oublier.

Tout oublier, c'est bien de ça dont il s'agit, l'espace d'un instant, enfants mais aussi parents, proches, soignants, photographe, tous retrouvent leur âme d'enfant et oublient chagrins et bobo. Comment faire pour qu'un individu grand ou petit, qui se sentait tellement mal, démuni, perdu quelques minutes auparavant éclate de rire maintenant ? Voilà bien la belle mission d'être clown à l’hôpital ! Et moi, aujourd'hui, je serais bien restée photographe de clowns à l’hôpital le reste de ma vie !

 

Témoignage du Major de soins de la réanimation pédiatrique du CHU Nord :

L1020624« Travaillant depuis 20 ans dans ce service de réanimation pédiatrique du CHU Nord, j’ai fait partie de l’équipe qui a accueilli les clowns du Gai-Rire en 2004.

C’était la première  association qui a osé pousser les portes et entrer dans la réanimation de l’hôpital Nord. Ils nous ont apporté à ce moment là : Une bouffée d’air frais, de soleil. Un ouf de soulagement.

Depuis ils ont appris pour s’adapter : les mesures d’hygiène, l’approche du bébé prématuré par l’observation comportementale. Nous avons travaillé ensemble. Eux  adaptaient leurs instruments de musique, leurs chants et moi je les guidais en observant les réactions de l’enfant.

Depuis ils sont experts et partent à l’aventure au milieu du service. Ils interpellent les soignants, chantent pour eux, leur racontent des histoires….et puis vont à la rencontre des enfants, tout en douceur entrouvrent  les portes, écoutent, observent ces bébés, jouent et chantent avec humanité. Lorsque les parents sont présents, rares sont ceux qui refusent leurs présences.

Beaucoup d’émotions leur permettent de se laisser aller, pleurer un peu et puis sourire, peut- être chanter. Le lien avec les clowns est créé, il n’a plus qu’à se développer et c’est une histoire qui se construit, l’enfant et ses parents à travers l’intervention des clowns.

Un papa un jour m’a dit : « je jouais de la guitare à ma fille lorsqu’elle était dans le ventre de sa mère. Je pourrais amener mon instrument et jouer pour mon enfant lorsque les clowns sont là ! ». Il était à nouveau « vivant », acteur, papa ! Il pouvait créer quelque chose de beau et utile pour son bébé caché dans la couveuse.

 Pour nous  soignants, les clowns c’est une après midi de douceur, d’harmonie, tout est plus facile.

On se rapproche des parents, parce que le contexte est différent, plus ludique, se dédramatise. Pour les parents c’est un moment où leur place est reconnue et mise en valeur. Ils peuvent enfin s’exprimer en dehors de la maladie de leur enfant, ils peuvent se permettre d’être parents ! »

 

Un soin pas comme les autres : voyage au pays de l’imaginaire…
(IDE Urgences Enfants, Hôpital Nord, Marseille)

 L1020810Il y a un an de ça, nous avons vu arriver au sein des urgences pédiatriques, une bande de joyeux drilles… Les clowns étaient parmi nous. L’équipe du Gai-Rire commençait des interventions  auprès de nos patients. Je les avais déjà aperçus dans d’autres services et c’est avec une certaine timidité que nous les avions accueillis. La représentation que nous avions des urgences et du stress ressenti  par les parents dans certaines prises en charge de la maladie est tenace et c’est avec circonspection que nous envisagions cette collaboration. Est-ce que le lieu s’y prêtait avec cette agitation, l’angoisse des parents… est-ce que cela ne donnait pas une image moins sérieuse pour les parents qui attendent une prise en charge rapide et efficace…

La question sous-jacente : le rire a-t-il sa place aux urgences ? La réponse se confronte à notre représentation de la maladie mais aussi à notre vision du soin…les urgences c’est technique mais c’est également beaucoup de relationnel, alors comment influer positivement sur celui-ci… Je me suis dit et bien pourquoi pas !

Notre cadre nous a permis de faciliter la création du lien avec les clowns en nous impliquant dans leur accueil…réunion et objectifs mais aussi ressenti …nous nous sommes lentement apprivoisés pour tendre vers une collaboration plus étroite.

Peu à peu, je travaillais plus facilement avec les clowns et notamment avec Pastafiore.

L’efficacité des clowns en salle d’attente s’est  imposée à nous. Effectivement, nous avons pu constater que cela désamorçait certaines tensions, les parents se détendaient de voir qu’il y avait quelqu’un pour eux avant la prise en charge, mais cela participait à dédramatiser la situation… à créer parfois des situations de connivence entre les familles…moins de solitude. Les enfants eux, restaient des enfants, à rire quand ils le pouvaient.

Naturellement nous avons commencé à nous voir avant l’intervention pour discuter des patients dans les box et identifier leurs besoins (mais aussi respecter les isolements ou contraintes quand il y en avait), c’est là le point de départ d’un travail commun.

 Puis l’idée de faire participer les clowns lors d’une suture m’est venue, notre objectif, moins de chimique pour plus de comique. Le résultat a été au-delà de mes espérances.  Mes collègues au nez rouge ont permis de faire la transition pour optimiser le relationnel…en effet rien de menaçant de la part des clowns et rapidement notre patient tout sourire s’est détendu pour complètement oublier le contexte. En miroir par la même occasion le papa.

J’ai eu la chance d’expérimenter une nouvelle façon de travailler, au technique et relationnel s’est ajouté une dimension émotionnelle légitimée par  l’imaginaire dans une atmosphère de totale bienveillance. J’étais le fil conducteur du soin et les clowns ponctuaient de leurs blagues et mimiques  en « caressant » l’attention de l’enfant et du papa. Un lien s’est tissé entre nous tous, comme si nous nous connaissions depuis longtemps et nous communiquions par mimiques et regards. Pour l’enfant, la douleur s’est éloignée bien vite pour faire place à un sentiment de liberté. Nous n’avons utilisé aucune contention et son adhésion au soin a été totale.

Et alors que les clowns tiraient leur révérence une fois Maxime soigné, je réalisais soudain que l’espace d’un instant, en restant professionnel, nous avons tous été les copains de jeux de notre petit patient. C’est en trouvant aussi l’enfant qui est en nous pour mieux comprendre celui qui était allongé devant nous que nous l’avons aidé  à dépasser cette petite épreuve psychique.

Merci les clowns !

  L1020810qss

 Témoignage de la Maman d'Anaïs et Mélina :

C'est avec émotion que j'écris ce témoignage.
L'histoire de vie de mes 2 filles débuta non pas dans mes bras, mais dans ceux de la réanimation pédiatrique. Nées bien trop tôt..une épreuve parmi tant d'autres. Loin de chez moi, de ma famille.. quand soudain comme un arrêt dans le temps, une bulle d’oxygène à fait place.
Je n'oublierai pas cet instant qui m'a fait tellement de bien dans cette épreuve si dure.
Merci à l'association.. merci pour votre générosité, pour vos sourires, vos voix si douces. Merci pour l'apaisement apporté à mes filles, merci pour ce sourire que vous avez pu décrocher de mes lèvres si fermées par la fatigue, l'angoisse et la peine.
Que votre route soit belle et se poursuivre auprès des enfants et des parents qui ont si cruellement besoin de Gai-rire.

 

L1020810Témoignage d'un médecin de la réanimation pédiatrique :

« Le Gai Rire est devenu un pilier de notre réanimation, nous ne comptons plus les années de travail commun. Travail régulièrement discuté, évalué, re-orienté en fonction de nos démarches parallèles. Et nous apprécions votre professionnalisme et votre écoute, et avons noté l'évolution progressive de vos personnes avec le nez rouge. Sans détailler, juste l'essentiel: vous apportez un supplément de vie, à nous, aux enfants, aux bébés, aux parents. Même et sans doute surtout dans toutes les difficultés et angoisses d'un enfant en réanimation, apporter sourire, rire et réconfort permet sans doute à tous de garder un peu de stabilité sous les pieds." L'univers hyper médicalisé d'une réanimation est angoissant pour les familles. La présence des clowns réhumanisent les liens. »